La ruelle de Lunareth, plongée dans l’ombre des remparts, semblait trop étroite pour contenir la tempête qui s’annonçait. Ares, seul sous la lueur pâle des lunes jumelles, serrait la pierre noire dans sa main, son éclat pulsant comme un défi silencieux.
Il savait. Il l’avait senti depuis que l’Ombre avait disparu dans la grotte : Rhasmeltor était là, tapi dans les replis du multivers, ses yeux invisibles fixés sur lui. [Pensées d’Ares : Il me traque. Il pense que je suis une proie facile, un déchet. Mais il va regretter d’avoir croisé mon chemin.]
D’un geste élégant, presque théâtral, Ares laissa tomber son apparence humaine. Sa silhouette s’effaça dans un éclat de lumière, révélant sa véritable forme : une entité d’énergie pure, un orbe luminescent aux contours noirs comme l’ébène, bordé d’un halo blanc scintillant comme une supernova captive.
Ses yeux, deux braises dorées, brillaient dans le chaos de son aura, et sa cape noire flottait comme une ombre vivante. Il leva une main, sa voix résonnant comme un grondement cosmique : « Rhasmeltor ! C’est bien toi, hein ? Allez, montre-toi ! Je t’attends ! »
L’air vibra, et la réalité elle-même sembla se fissurer.
Un gigantesque portail s’ouvrit au bout de la ruelle, un vortex tourbillonnant de flammes argentées et d’éclairs noirs, comme si le multivers s’ouvrait pour vomir son champion. De ce chaos émergea une silhouette imposante, un avatar de Rhasmeltor, aussi stylé qu’effrayant.
Il mesurait près de trois mètres, son corps humanoïde sculpté dans une matière semblable à de l’obsidienne polie, parcourue de veines dorées pulsantes. Sa cape, tissée d’étoiles mourantes, flottait comme un voile de néant, et son visage, à la fois cruel et magnifique, était encadré par une chevelure argentée qui semblait défier la gravité.
Ses yeux, deux puits d’un violet cosmique, brillaient d’une intelligence froide et implacable. Une couronne d’épines noires ornait son front, chaque pointe scintillant comme si elle emprisonnait une galaxie.
« Paria », tonna l’avatar, sa voix faisant trembler les pavés de Lunareth.
« Je ne vais pas perdre mon temps à t’épargner pour l’artefact. Je vais te tuer et le prendre. Tu ne le mérites pas. Tu ne vaux rien. » Il inclina la tête, un sourire méprisant aux lèvres. « Je sais tout de toi, Ares. Enfermé, torturé par les tiens, rejeté comme un déchet.
Même ton apparence… un orbe crasseux, figé au stade primal. Sais-tu que les Éternels évoluent vers des formes humanoïdes en gagnant en puissance ? Toi, tu restes cette… chose. Quelle honte. »
Ares sentit une rage incandescente monter en lui, ses contours luminescents s’embrasant d’une lueur rougeoyante. « Ferme ta gueule ! » rugit-il, sa voix ébranlant les murs de la ruelle.
« Comment oses-tu me rappeler ces années de souffrance ? Je suis un paria, certes, mais ça me rend unique ! » [Pensées d’Ares : Ils m’ont rejeté, emprisonné, brisé. Mais je suis libre maintenant, et ce n’est pas un avatar de pacotille qui va me faire plier !]
Rhasmeltor ricana, ses yeux violets scintillant d’amusement.
« Unique ? Tu n’es qu’un déchet. Ils t’ont menti, Ares. Ton pouvoir, qu’ils disaient ‘trop dangereux’ ? Ce n’était pas la vraie raison. Ils t’ont banni avant que tu ne découvres ce que tu es vraiment. Mais même ainsi, tu restes insignifiant. »
Ares serra la pierre plus fort, son aura s’intensifiant.
« Insignifiant ? On va voir ça. » [Pensées d’Ares : Il sait quelque chose sur moi. Sur mon pouvoir. Mais je ne vais pas le laisser me manipuler.]
Rhasmeltor baissa les doigts, et une traînée d’énergie noire, comme une lame de néant, s’abattit sur Ares.
La force le plaqua au sol, fissurant les pavés dans une explosion de poussière. Ares, surpris par la puissance, grogna, son orbe lumineux pulsant de défi. [Pensées d’Ares : Il est fort. Plus fort qu’Eryndor. Mais je ne suis pas un jouet !]
« Je vois », cracha-t-il, son aura s’embrasant comme une étoile.
« Tu veux jouer ? On va jouer ! »
Avant qu’il ne puisse contre-attaquer, Rhasmeltor leva les doigts, et une force invisible souleva Ares, le suspendant dans l’air comme une marionnette. Les bâtiments autour tremblèrent, leurs runes protectrices s’éteignant sous la pression.
L’avatar avança, chaque pas faisant vibrer le sol comme un tambour cosmique. « Tu ne peux pas m’échapper, paria. »
Ares, malgré la douleur qui tordait son essence, éclata de rire, un son grave et provocateur. « Échapper ? Je ne fuis pas, imbécile ! » D’une pensée, il déchaîna son pouvoir destructeur.
Une vague d’énergie pure, blanche comme une supernova, explosa autour de lui, brisant les chaînes invisibles de Rhasmeltor. Le portail derrière l’avatar vacilla, crachant des éclairs qui incendièrent les murs de la ruelle. Les cieux de Lunareth s’assombrirent, des nuages tourbillonnant comme si le multivers lui-même assistait au combat.
Rhasmeltor, imperturbable, tendit une main, et une sphère de ténèbres se forma, absorbant la lumière comme un trou noir. « Pathétique », murmura-t-il, lançant la sphère. Elle frappa Ares, le projetant à travers un mur, qui s’effondra dans un nuage de débris.
La pierre noire, toujours dans sa main, pulsa plus fort, comme si elle réagissait au chaos.
[Pensées d’Ares : Cette pierre… elle amplifie mon pouvoir. Ou elle essaie de me contrôler.] Ares se releva, son aura désormais striée de filaments noirs, comme si la pierre s’infiltrait dans son essence. « Tu veux l’artefact ? » cria-t-il, sa voix résonnant comme un tonnerre.
« Viens le chercher ! »
Il tendit une main, et une tempête d’énergie jaillit, des éclairs blancs et noirs entrelacés frappant Rhasmeltor. L’avatar vacilla, son armure d’obsidienne se fissurant légèrement. Mais il riposta avec une vague de flammes violettes, qui brûlèrent l’air et forcèrent Ares à ériger un bouclier d’énergie. Les deux forces s’entrechoquèrent, illuminant Lunareth d’une lueur surnaturelle, comme si deux étoiles s’affrontaient dans le ciel.
Au milieu du chaos, une voix perça la tempête. « Ares ! Arrête ! » Lyra surgit d’une ruelle, suivie de Mira, qui portait une amulette luisante. Les deux femmes, malgré leur peur, s’étaient précipitées vers le combat, alertées par les secousses magiques.
Ares, distrait, baissa sa garde, et Rhasmeltor en profita. Une lance d’énergie noire transperça son flanc, faisant vaciller son aura.
Il grogna, tombant à genoux, mais serra la pierre plus fort. [Pensées d’Ares : Ces mortelles… elles vont me faire tuer ! Mais je ne vais pas perdre. Pas maintenant.]
« Paria, ta faiblesse est ta solitude », dit Rhasmeltor, levant une main pour un coup final.
Mais avant qu’il ne puisse frapper, Mira brandit son amulette, qui explosa dans un éclat de lumière blanche, repoussant l’avatar.
L’Ombre recula, ses yeux violets plissés de surprise.
« Comment ? » murmura-t-il, avant de disparaître dans le portail, qui se referma dans un grondement.
Lyra courut vers Ares, qui reprenait son apparence humaine pour masquer sa faiblesse.
« T’es complètement fou ! » cria-t-elle, les larmes aux yeux. « C’était quoi, ça ? »
Ares, haletant, lui lança un sourire narquois. « Juste un vieil ami qui passait dire bonjour. » [Pensées d’Ares : Rhasmeltor m’a sous-estimé, mais il a raison sur un point : je ne suis pas au sommet de ma puissance. Pas encore. Cette pierre va changer ça.]
Mira, tremblante, s’approcha. « L’amulette… elle appartenait à Kael. Il me l’a donnée avant… avant de mourir. »
Ares fixa la jeune fille, une étrange chaleur dans sa poitrine. [Pensées d’Ares : Ce forgeron… même mort, il me complique la vie.] « Bien joué, gamine. Maintenant, rentrez chez vous. Ce combat n’est pas le vôtre. »