Dans la ruelle dévastée de Lunareth, Ares, revenu à son apparence humaine, fixait la pierre noire dans sa main. Son éclat pulsait comme un cœur vivant, mais son esprit était ailleurs, hanté par les paroles de l’avatar de Rhasmeltor. Un déchet.
Un orbe crasseux. Les mots résonnaient, et pour la première fois depuis des siècles, Ares sentit une fissure dans son arrogance. [Pensées d’Ares : Il avait raison, cet enfoiré. J’ai fait jeu égal avec son avatar, peut-être le plus puissant qu’il ait envoyé. Mais le vrai Rhasmeltor ? Il me réduirait en cendres en un instant.] Il serra les poings, sa rage bouillonnant.
[Pensées d’Ares : Les Éternels m’ont rejeté, torturé, empêché d’évoluer. Je n’ai pas un quart de la puissance d’un seul d’entre eux. Et Rhasmeltor… il n’est même pas le plus fort de son clan.]
La réalité de sa faiblesse le frappa comme une lame. Il n’avait jamais évolué au-delà de son état d’orbe lumineux, contrairement aux membres de son clan, qui arboraient des formes humanoïdes majestueuses.
Ils m’ont brisé avant que je ne devienne une menace, pensa-t-il, son aura vacillant sous l’émotion. [Pensées d’Ares : Mais je ne suis pas fini. Pas encore. Cette pierre… elle est ma chance de tout changer.]
Lyra, debout près de Mira, le fixait avec un mélange de méfiance et d’inquiétude. « Ares, qu’est-ce qui se passe ? Tu as l’air… différent. »
Il lui lança un sourire narquois, masquant son trouble. « Différent ? Juste un peu fatigué de jouer les héros pour vous. » Il se tourna vers Mira, qui serrait toujours l’amulette de Kael.
« Vous deux, restez ici. Prenez soin l’une de l’autre. Je vous reverrai… peut-être. » [Pensées d’Ares : Ces mortelles m’ont ralenti, mais elles m’ont aussi rappelé ce que c’est que de se battre pour quelque chose. Je ne l’admettrai jamais, bien sûr.]
Lyra croisa les bras. « Tu pars ? Juste comme ça ? Après tout ce qui s’est passé ? »
Ares haussa les épaules. « J’ai des affaires à régler. Des affaires… plus grandes que Lunareth. » Il fit un pas en arrière, et son corps s’évanouit dans un éclat de lumière, disparaissant dans le cosmos.
Ares traversa le multivers, son essence glissant à travers des réalités comme une comète.
Il atterrit sur une planète étrange dans un univers distant, un monde de cristaux flottants et de cieux fracturés, où des arcs-en-ciel liquides coulaient entre des tours de verre iridescent.
La planète, qu’il nomma intérieurement Auralis, vibrait d’une énergie ancienne, presque aussi puissante que celle de la pierre noire. Le sol, composé de poussière d’étoile solidifiée, scintillait sous ses pas, et des éclairs silencieux dansaient dans l’atmosphère, illuminant des paysages de prismes géants.
[Pensées d’Ares : Cet endroit… il est vivant, comme la pierre. Si je veux comprendre mon pouvoir, c’est ici que je commencerai.] Il s’assit sur un rocher de cristal, sortant la pierre noire de sa poche. Son éclat semblait plus intense, comme si elle réagissait à Auralis. « Allez, toi », murmura-t-il. « Montre-moi ce que tu caches. »
À sa surprise, la pierre pulsa violemment, et une silhouette en émergea, intangible mais imposante. C’était l’âme de la pierre, une entité éthérée aux contours changeants, mi-humanoïde, mi-nébuleuse, avec des yeux qui semblaient contenir des galaxies entières.
Sa voix, un murmure qui vibrait dans l’espace, s’adressa directement à Ares. « Paria. Tu cherches des réponses. Je les connais. »
Ares, son aura d’orbe lumineux frémissant, croisa les bras. « Parle, alors. Et vite. Je ne suis pas d’humeur pour les énigmes. » [Pensées d’Ares : Si cette chose pense pouvoir me manipuler comme elle l’a fait avec Mira, elle va être déçue.]
L’âme de la pierre inclina la tête, ses yeux scintillant. « Les Éternels t’ont torturé, rejeté, emprisonné.
Mais sais-tu pourquoi ? Ton évolution était un danger. En évoluant, tu aurais atteint la transcendance absolue, un pouvoir qui surpasserait même leur chef. Tu serais devenu le maître de ton clan, capable de remodeler le multivers à ta guise. Ils t’ont brisé avant que cela n’arrive. »
Ares sentit une vague de colère et d’excitation. [Pensées d’Ares : La transcendance absolue ? Ils m’ont privé de ça ?] « Et toi, comment tu sais tout ça ? »
« Je suis un cœur du multivers », répondit l’âme, sa voix résonnant comme un chœur d’étoiles. « Je contiens l’essence de réalités infinies.
Je peux t’aider à commencer ton éveil, à refaçonner ton essence. Mais il y a un prix. Il existe d’autres artefacts comme moi, disséminés à travers les infinités de multivers. Je ne sais pas combien il t’en faudra pour atteindre la transcendance. Mais je peux t’initier à la première étape. »
Ares ricana, son aura s’embrasant. « Un prix, hein ? Toujours un piège avec des trucs comme toi. »
[Pensées d’Ares : Cette pierre me veut pour quelque chose. Mais si elle dit vrai, je pourrais devenir plus puissant que les Éternels… et que Rhasmeltor.] « D’accord, montre-moi. Mais si tu me trahis, je te réduis en poussière. »
L’âme de la pierre tendit une main éthérée, et une vague d’énergie enveloppa Ares. Son aura d’orbe se fractura, révélant des filaments de lumière dorée, comme des chaînes brisées. Une douleur fulgurante traversa son essence, mais avec elle vint une sensation de puissance brute, comme si une partie de lui, longtemps endormie, s’éveillait.
Les cristaux d’Auralis vibrèrent, et le ciel s’illumina d’une tempête d’arcs-en-ciel tourbillonnants.
« C’est le début », murmura l’âme. « Trouve d’autres cœurs. Deviens ce que tu étais destiné à être. »
Ares, haletant, sentit son essence se stabiliser, plus forte, mais encore incomplète. [Pensées d’Ares : Elle dit vrai. Je sens… un potentiel. Mais combien de ces artefacts me faudra-t-il ? Et combien de temps avant que Rhasmeltor ne me trouve ?]