Le silence qui suivit les mots d'Hikari était du genre gênant. Vous savez, ce moment où tout le monde se regarde en se demandant qui va craquer en premier. Moi, j'étais trop occupé à réaliser que ma main sentait vaguement le poisson pourri. Odeur de Pourriture, mon cul, Système.
— "Vous… vous êtes vraiment eux ?" répéta Hikari, ses yeux passant de Lilie à moi comme si elle voyait des fantômes. Ou des zombies. Bon, ok, j'étais techniquement un zombie, mais quand même.
Lilie, fidèle à elle-même, croisa les bras et haussa un sourcil.
— "Euh, excuse-moi, princesse, mais t'es qui pour nous parler comme si on était tes cousins perdus ?"
Hikari ouvrit la bouche, mais le connard aux cheveux argentés
appelons-le Monsieur Pub, vu son sourire Colgate la coupa en posant une main sur son épaule.
— "Du calme, Hikari. Ce sont les nouveaux. Le Roi Zombie et la Sainte des Fleurs. Le Système ne ment jamais. Il me pointa du bout de son épée, l'air de quelqu'un qui se croit dans un film. "Toi, le mort-vivant, t'as déjà essayé de bouffer quelqu'un ?"
Je levai les yeux au ciel.
— "Ouais, j'ai prévu de commencer par toi, vu que t'as l'air bien tendre."
Lilie ricana, et même Hikari étouffa un sourire. Monsieur Pub, lui, plissa les yeux, pas amusé.
— "T'es culotté pour un niveau 1. Moi, je suis niveau 12. Prince Élu, pour info.
"Système : [Analyse — Prince Élu (Niveau 12)]
→ Compétences : Charisme Surnaturel (Les gens l'aiment sans raison), Lame de Lumière (Tranchant +20%), Harem Magnétique (Sérieux ?).
Je fixai l'écran invisible du Système, incrédule.
— "Harem Magnétique ? T'es sérieux, mec ? C'est ÇA, ton super-pouvoir ?"
Lilie éclata de rire, au point de se tenir les côtes.
— "Oh mon dieu, Megumi, il vient vraiment du roman ! C'est le protagoniste débile dont tu te plaignais !"
Monsieur Pub fronça les sourcils, visiblement vexé.
— "Je m'appelle haruto, pas le protagoniste débile'. Et toi, la Sainte, tu ferais mieux de respecter tes aînés."
Lilie essuya une larme de rire.
— "Respecter ? Toi ? Alors que t'as une compétence qui hurle 'je suis un cliché ambulant' ? Rêve, mon pote."
Hikari, qui semblait hésiter entre intervenir et s'enfuir, finit par lever une main.
— "Ok, ok, on se calme. Vous… vous venez d'arriver ici, non ? Vous savez pas encore comment ça marche."
Je croisai les bras, sentant une veine noire pulser sur mon avant-bras. Super classe, le look zombie.
— "Ouais, éclaire-nous, princesse. Parce que là, j'ai l'impression d'être tombé dans une fanfiction ratée de ta part, Lilie.
"Ma sœur me donna un coup de coude.
— "Hé ! Mon roman est génial, ok ? Mais j'avoue, c'est chelou. Hikari, t'es censée être un perso secondaire badass, pas une baby-sitter pour ce… haruto."
Hikari rougit légèrement, jetant un regard en coin à haruto.
— "C'est compliqué. On est tous liés au Système. Vous deux, vous avez été choisis pour des rôles. Le Roi Zombie et la Sainte des Fleurs… c'est pas un hasard."
Je grognai.
— "Choisi, mon œil. J'ai rien demandé, moi. Je voulais juste finir mes nouilles et pioncer."
haruto ricana, rengainant son épée.
— "T'es marrant, pour un cadavre. Mais si tu veux survivre ici, va falloir bosser. Les Ombres dans la forêt, là ? Elles adorent les nouveaux. Et elles sont pas du genre à discuter."
Je jetai un œil aux arbres. Les murmures s'étaient intensifiés, et des yeux luisants nous observaient depuis les buissons. Génial. Des zombies, des princes à deux balles, et maintenant des monstres creepy. Lilie, elle, semblait plus curieuse qu'effrayée. Elle tendit une main vers un arbre, et une petite fleur violette poussa à vue d'œil sur une branche.
— "Ok, ma compétence 'Communication avec la Nature' est cool. Les arbres disent que ces Ombres sont des âmes corrompues. Et qu'elles détestent les zombies. Désolée, Megumi."
— "Super, merci, Système. Tu pouvais pas me filer un rôle plus cool, genre… je sais pas, Dragon Slayer ?"
Système : [Suggestion ignorée. Le rôle de Roi Zombie est optimal pour votre… personnalité.]
— "Ma PERSONNALITÉ ? C'est une insulte, ça ?"
Hikari interrompit ma dispute mentale avec le Système.
— "Écoutez, on a pas le temps. Les Ombres vont attaquer si on reste là. Venez avec nous au camp. On vous expliquera tout."
haruto haussa les épaules, déjà en train de tourner les talons.
— "Ou restez là et devenez de la bouffe pour Ombres. Votre choix."
Lilie et moi échangeâmes un regard. Elle haussa les épaules.
— "Bon, j'ai pas envie de crever tout de suite. Et toi ?"
Je soupirai, sentant une odeur de pourriture me chatouiller le nez. Faut vraiment que je désactive cette compétence.
— "Ok, mais si ce haruto essaie encore de jouer les héros de shonen, je le mords."
Hikari nous guida à travers la forêt, haruto en tête comme s'il était le roi du monde. Les Ombres semblaient nous suivre, mais elles gardaient leurs distances. Pour l'instant.
Pendant qu'on marchait, Lilie se pencha vers moi.
— "T'as remarqué ? Hikari nous regarde bizarrement. Genre… elle nous CONNAÎT."
— "Ouais, c'est flippant. Et ce haruto, c'est pile le genre de mec que je déteste dans les romans. Si ça se trouve, on est coincés dans ton bouquin, soeurette."
Elle grimaça.
— "Si c'est le cas, désolée d'avance. Mais avoue, c'est un peu cool, non ?"
— "Cool ? Je pue la mort et j'ai des veines noires. Toi, t'as des fleurs qui poussent dans tes cheveux. C'est PAS juste."
On arriva enfin à une clairière. Un camp de fortune, avec des tentes, un feu de camp, et une poignée de types armés qui nous dévisagèrent comme si on était des aliens. Ou des zombies. Ok, encore une fois, j'étais techniquement un zombie.
Hikari s'arrêta devant une grande tente.
— "Entrez. Le Chef veut vous voir. Il… il sait qui vous êtes."
Je fronçai les sourcils.
— "Le Chef ? C'est qui, encore ? Un autre cliché avec des cheveux de couleur chelou ?"
Hikari ne répondit pas. Elle souleva le rabat de la tente, et une voix grave retentit de l'intérieur.
— "Megumi. Lilie. Je vous attendais."
Je sentis un frisson me parcourir. Pas à cause de la voix, non. À cause de ce qu'il venait de dire.
Système : [Avertissement Entité de Haut Niveau détectée. Niveau : ???]
— "Oh, putain, c'est quoi ce bordel encore ?" marmonnai-je.
Lilie me donna un coup de coude.
— "Tais-toi et entre. On va pas crever maintenant, si ?"