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Chapter 19 - Chapitre 19 : Première rencontre avec le serpent de mer

Raymond était accroupi sur le pont, rongé par un poisson rôti, tandis que le rugissement d'Hela faisait trembler les voiles d'un port naturel des Degrés de Pierre. Le dragon géant tournoyait au-dessus de la flotte, ses écailles argentées reflétant une lumière froide sur la mer. Il s'essuya la bouche et cria à Hela : « Hela ! Retourne à Volantis, mange à ta faim, et reviens. Ne monopolise pas tout le poisson ici… »

Après un rugissement, Hela s'envola vers Volantis…

Ormond s'apprêtait à donner des ordres lorsque la vigie s'écria soudain : « À bâbord ! Une flotte ! Velaryon appareille ! »

Raymond se protégea les yeux de la main et observa. Trois immenses navires marchands fendaient les vagues au loin, leurs proues ornées d'hippocampes, et l'emblème de l'hippocampe sur leurs voiles brillait d'argent au soleil. Il fut surpris : avec un tel drapeau et une telle flotte, qui d'autre pouvait-il bien être que Corlys Velaryon, le « Serpent de Mer » ? Mais… pourquoi était-il là ?

« Préparez-vous à accueillir nos invités. » Il déchira un morceau de linge pour essuyer la graisse de ses mains, regrettant soudain de ne pas avoir porté son armure « éclair noir » ; sa tenue actuelle paraissait un peu miteuse. Non loin de là, l'équipage s'empressa de ranger le pont, jetant le poisson salé en train de sécher dans la cale.

Le vaisseau amiral Velaryon approcha lentement. Raymond leva les yeux et aperçut un homme aux cheveux argentés debout sur le gaillard d'arrière, la peau bronzée par de longues périodes en mer, sa cape flottant au vent marin et la poignée de perle de son épée à sa taille scintillante. Ses yeux étaient comme de la glace pilée ; lorsqu'il contempla la flotte Volantis, Raymond eut l'impression d'être mis à nu.

« Son aura imposante, la présence du Serpent de Mer sont certainement à la hauteur de son immense réputation… »

« Prince Raymond ? » La voix de Corlys était rauque comme les vagues. « Mieux vaut se rencontrer en personne que d'entendre parler de vous. » Il sauta prestement sur le pont, ses bottes résonnant contre le bois. « J'ai entendu dire que vous aviez apprivoisé un dragon sauvage ? Il semble qu'il ne soit pas ici… »

« Bonjour ! Seigneur Corlys, Hela est rentrée manger. Et si… à son retour, je vous présentais ? »

Raymond regarda le comte de l'île de Marée devant lui, réfléchissant rapidement à ses intentions. Cet homme était l'un des seigneurs les plus riches de Westeros, ayant mené des flottes marchandes à travers le monde à de multiples reprises. À cause de sa femme, Rhaenys, même le Trône de Fer devait parfois lui obéir. « J'ai entendu le nom du Serpent de Mer d'innombrables fois à Volantis… » Il fit un geste de la main : « Voulez-vous goûter notre rhum ? »

« Du rhum ? Jamais entendu parler… »

Quelqu'un a dit sans sourciller : « C'est une nouvelle recette que j'ai inventée, brassée à partir de blé, mais cent fois meilleure que la bière existante… »

« Vraiment ? Alors je dois essayer… »

Dans la cabine, l'arôme épicé du rhum se mêlait à l'odeur du sel marin. Corlys fit tourner son verre, sa bague de perles tintant contre le bord. « Le nouveau roi de Volantis, contrôlant le port en chevauchant un dragon… Cette histoire est plus passionnante que mes légendes de navigation. » Il se pencha soudain plus près. « Votre Majesté serait-elle intéressée par une coopération avec la famille Velaryon ? »

Raymond vit que l'adresse du Serpent de Mer était passée de « Prince » à « Votre Majesté » et sentit immédiatement que ce vieil homme n'avait aucune bonne intention.

Raymond se laissa aller en arrière, calmement. « Quel genre de coopération ? »

« Les biens et les navires de guerre de Volantis, ainsi que ma flotte. » Les yeux de Corlys brillèrent d'une lueur terrifiante. « Le Détroit sera notre cour ! Les Cités Libres, Dorne, Port-Réal… tous les ports doivent nous céder la place ! » Il marqua une pause. « Je peux te donner ma fille Lannael en mariage. »

Le verre de vin faillit glisser des mains de Raymond. Il connaissait certainement ce nom : Lannael Velaryon, la fille de Rhaenys, qui serait plus tard connue sous le nom de « Reine sans couronne », et elle n'avait que onze ans. « Seigneur Corlys, Mademoiselle Lannael… n'est-elle pas trop jeune ? Et c'est la fille de mon cousin, ma nièce… » Bien qu'il ait lu dans sa vie antérieure que Corlys souhaitait que Viserys, alors âgé d'une cinquantaine d'années, épouse la jeune Lannael comme reine, il ressentit néanmoins un profond choc dans sa vision du monde.

« Les mariages Targaryen ont toujours été informels. » Corlys haussa un sourcil. « Ta mère, Senira, n'était-elle pas elle aussi adolescente quand… »

Raymond lança un regard profond à Corlys. « Espèce de vieux renard, fais-tu allusion à mon statut illégitime ? »

« Les temps ont changé. » Raymond se leva brusquement, surprenant les gardes de Corlys derrière lui, qui saisirent instinctivement la poignée de leurs épées. Il toucha la poignée d'améthyste de la sienne, s'efforçant de se calmer. « Votre chère fille est intelligente, belle et de noble statut, mais je ne suis pas… temporairement enclin à me marier, et je souhaite aussi rendre visite à ma cousine Rhaenys sur l'île de Tidewater… » (Je sais que vous souhaitez que je soutienne votre femme, mais inutile d'utiliser votre fille comme moyen de pression. Nous pouvons discuter d'autres sujets…)

Corlys le fixa longuement, puis éclata soudain de rire. Ce rire fit tomber la poussière du plafond de la cabine. « Le Prince a raison ! Lannael est encore jeune, j'étais trop impatient. C'est un honneur pour les Velaryon que le Prince veuille visiter l'île de Tidewater… » Il posa son verre de vin, sa bague de perles tintant sèchement sur la table. « Aucune alliance n'est tolérée, on continue comme d'habitude ! Par Rhaenys, tu devrais m'appeler beau-frère ! »

Bon, il revient au « Prince », mais puisque tu le dis comme ça, « Alors je ne serai pas poli, beau-frère… »

« Hahaha, petit frère… »

« Beau-frère… » (Pah, vieux renard sans vergogne)

« Petit frère… » (Pah, petit renard sans vergogne)

Les négociations qui suivirent ressemblèrent à une intense bataille navale. Corlys proposa le commerce des épices, le transport d'esclaves (ce que Raymond rejeta catégoriquement) et la contrebande d'armes, tandis que Raymond insistait obstinément pour que la flotte commune arbore le pavillon du Dragon d'Argent. Lorsque le soleil couchant teinta la mer d'orange, les deux camps parvinrent enfin à un accord.

« Tu es différent de ces Targaryen qui se cachent dans le Donjon Rouge. » Corlys tapota l'épaule de Raymond en se séparant. « Leur esprit est presque usé par le luxe et la richesse. Tu… es comme un loup prêt à mordre à tout moment. »

Alors que la flotte s'éloignait, Raymond se tenait sur le pont, observant au loin la bannière du Serpent de Mer. Ormond lui tendit une coupe de rhum ; il en but une gorgée, la trouvant épicée et légèrement sucrée. La question de l'alliance matrimoniale fut temporairement mise de côté, mais l'ambition qui se lisait dans le regard de Corlys lui rappela Otto Hightower, mentionné dans les rapports de renseignement : aucun de ces nobles de Westeros n'était facile à vivre.

« Envoyez un corbeau à Roman. » Il jeta le verre de vin à la mer. « Dites à Aegis de renforcer la surveillance du port… La flotte de Velaryon doit être surveillée de près désormais… Ne vous faites pas mordre par un serpent. »

« Ormond, la tasse que je viens de jeter… »

« C'était de l'or pur, Votre Majesté. »

« Pourquoi ne m'as-tu pas arrêté ? C'était mon accessoire préféré pour frimer !… C'est la faute du Serpent de Mer ! »

« Votre Majesté, pourquoi êtes-vous… si… »

« Pourquoi suis-je si grossier, comme un parvenu ? Tu ne comprends pas. Si je n'agis pas comme un parvenu, comment pourront-ils penser que je suis facile à gérer ? S'ils ne pensent pas que je suis facile à gérer… alors comment puis-je trouver des occasions de les extorquer ? »

« C'est ce qu'on appelle faire le cochon pour manger le tigre, mais il ne faut pas le faire trop souvent, sinon on devient vraiment un cochon… »

À la tombée de la nuit, le rugissement d'Hela perça à nouveau le ciel. Raymond observa la forme argentée du dragon, se souvenant des paroles de Corlys. Un loup ? C'était une bonne description : il faut apprendre à coopérer, mais aussi à montrer les crocs.

Les tempêtes du Détroit ne faisaient que commencer et Raymond… était prêt à affronter tous les défis.

Wolfswood, le Nord

« Est-ce que ça arrive ? La destinée des Targaryen a fluctué, et… l'aura d'une divinité inconnue… Pourquoi est-elle sur un dragon ? »

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